Notre amie Lisette Vincent a commis un acte ultime de liberté. A l'âge de 91 ans,
presque aveugle, trahie par la stabilité de ses jambes, tombant fréquemment, mais
totalement lucide, elle a décidé de nous quitter le 12 juillet dernier.
Elle a envoyé des messages aux quotidiens "L'Humanité" et "Le Monde", ainsi
qu'une lettre à son biographe Jean-Luc Einaudi, écrivain et militant du MRAP, bien
connu pour son succès dans le récent procès l'opposant à Papon.
Ancienne institutrice ayant adhéré aux pratiques d'enseignement actif de Freinet,
ancienne volontaire des Brigades Internationales en Espagne où son activité consista
à s'occuper des enfants, ancienne condamnée à mort par la "justice" du
gouvernement de Vichy, arrêtée pendant la guerre d'Algérie en même temps que
notre actuelle Présidente d'Honneur, enseignante et assistante sociale auprès des
enfants et des femmes algériennes, elle ne quitta l'Algérie, son pays de naissance et
de cœur, qu'au milieu des années 70 après l'âge de la retraite.
Elle consacra toute sa vie aux enfants et plus particulièrement aux enfants algériens.
Elle avait séjourné à Marseille à plusieurs reprises, notamment à la sortie du libre de
Jean-Luc Einaudi, "Un rêve algérien", qui retrace sa vie, et lors de la projection du
film tiré de cet ouvrage réalisé par le cinéaste algérien Jean-Pierre Lledo.
Antiraciste tout simplement, elle ne cessa jamais de clamer haut et fort, en toutes
circonstances les sentiments naturels profonds qui étaient les siens. Son départ nous
attriste, mais il constitue de sa part un geste ultime de dignité, de son inlassable
attachement à la liberté et aux valeurs pour lesquelles elle a vécu.
Merci, Lisette, de ta constante contribution à l'antiracisme et à l'amour des êtres
humains.

Merci, Lisette, de ta constante contribution à l'antiracisme