[Communiqué du MRAP national] Téhéran : on s'apprête une fois de plus à mettre à
mort des innocents, avec ou sans simulacre de procès. Tout au long de son règne, le
pouvoir islamiste a utilisé la terreur non seulement contre les opposants déclarés, mais
contre ceux qui pensent ou qui prient autrement. Il s'est bâti une triste célébrité dans
le genre, assassinant des chrétiens, des baha'is, des "athées", en organisant des
meurtres à Paris, à Genève, à Berlin.
On parlait d'assouplissement du régime, depuis l'élection de M. KHATAMI. S'il en
était vraiment ainsi, les assassinats d'intellectuels de décembre dernier n'auraient pas
été perpétrés par des agents connus du Ministère de la Sécurité, l'espion et le
tortionnaire n°1 ne se serait pas bizarrement suicidé, et le complot sinistre qui voit
accuser treize juifs iraniens d'espionnage aurait été immédiatement dégonflé.
La pratique des boucs émissaires est caractéristique des régimes dans l'impasse ; et si
la vie de ces quinze malheureux apparaissait comme un enjeu dans une guerre de
clans, ce n'en serait que plus terrible, plus sordide.
Il faut que la protestation universelle arrache ces innocents à leurs bourreaux.
Mettons le pouvoir iranien au défi d'organiser au grand jour un procès devant l'opinion
internationale !
Ne laissons pas, dans l'ombre, assassiner des innocents ! Par notre protestation,
arrêtons l'antisémitisme d'Etat !-


Sauvons les treize juifs iraniens

" L'objectif de la présente lettre est clair : appeler les lecteurs de ce bulletin à la
solidarité envers les juifs iraniens emprisonnés depuis six mois. Ce qui a déjà été fait
n'est pas suffisant pour deux raisons. Tout d'abord, les rares interventions n'ont pas
abouti au résultat escompté. D'autre part, on peut redouter que les derniers
événements survenus en Iran, et la répression qui va s'ensuivre ne conduisent les 13
prisonniers à connaître demain une situation plus difficile encore que celle qui est la
leur depuis janvier. Il s'agit à présent d'obtenir par tous les moyens qu'une
personnalité politique française de premier plan intervienne auprès de son homologue
iranien en leur faveur.
Il est à craindre pour ces 13 personnes (dont l'une rappelons-le n'a que seize ans)
qu'elles ne soient tout désignées comme victimes expiatoires de troubles auxquels
elles sont totalement étrangères. L'Histoire nous a hélas donné trop d'exemples de la
façon dont les régimes en crise utilisaient la mécanique du bouc émissaire pour que
nous ne sentions venir le danger qui pèse sur ces malheureux. Même si la ficelle est
grosse, les accusateurs sauront faire apparaître un lien entre les deux dossiers. Pour
ce qui est du premier sujet, celui qui nous occupe vraiment ici, on peut se demander de
quoi sont accusés ces juifs. Tout simplement, nous dit-on, d'être des espions à la solde
de deux Satans, le grand et le petit (comprenez les USA et Israël). Par ailleurs, les
remous qui agitent en ce moment l'Iran, risquent d'aggraver leur situation. En effet,
les étudiants qui ont manifesté pour que les conditions de vie évoluent dans leur pays,
ne sont-ils pas aussi soupçon nés d'avoir été manipulés par des puissances étrangères
(suivez le même index accusateur). Les forces de police encouragent aujourd'hui la
population à faire œuvre de délation pour pouvoir mettre la main sur les coupables. Si
ces méthodes qui nous rappellent quelques heures sombres de notre histoire
n'aboutissent pas, espérons que les forces de la répression ne se retournent pas sur
les 13 personnes qui ont la malchance de se trouver déjà sous les verrous.
On pourrait nous reprocher de faire ici des amalgames en suivant des mécanismes de
pensée relevant de la paranoïa. Mais de quel côté se situe le délire ? Le simple bon
sens conduirait tout esprit rationnel à penser que les services secrets seraient bien
mauvais et particulièrement insensés s'ils n'avaient d'autres moyens que de recourir à
un rabbin, un bedeau de synagogue ou un gardien de cimetière. Quel dignitaire
islamique se serait laissé abuser par de tels agents si mal choisis ? Quelles
informations auraient pu être dérobées par ce biais si maladroit ? Quels lourds secrets
auraient pu ainsi être livrés au Mossad ?
Cette question a été posée à un spécialiste de l'Iran invité à dialoguer avec les
auditeurs un matin sur une radio nationale. Il n'a su que répondre à cette question,
sinon que personne ne sait exactement de quoi ils sont accusés...qu'ils n'étaient
certainement pas coupables d'espionnage ... mais qu'ils avaient peut-être commis des
petits délits ... comme essayer d'obtenir des devises étrangères. Ni le spécialiste des
questions iraniennes, ni le journaliste qui l'interviewait ne s'indignaient de la démesure
entre la faiblesse de l'accusation et de la gravité de la peine qu'ils encourent.
N'oublions pas que certains zélateurs lors de prêches enflammés ont requis pour eux
une peine de mort exemplaire : la pendaison sur la place publique, châtiment déjà
infligé il y a environ 2 ans à certains de leurs coreligionnaires.
En cette période particulière où un espoir de paix renaît sur la scène moyen orientale,
nous ne pouvons pas nous empêcher de nous tourner aussi vers les pays arabes qui
ont si souvent relayé un discours d'intransigeance envers Israël, prétendant que les
juifs qui s'y étaient installés devaient retourner dans leur pays d'origine dans lesquels
une vie paisible leur avait été et leur serait toujours assurée. Si c'est le cas en Iran,
c'est le moment d'en donner la démonstration. "
Marc El-Bèze, Avignon


Emprisonnement de 13 juifs iraniens accusés d'espionnage
Il faut arrêter le terrorisme et l'antisémitisme d'Etat en Iran

Un slogan choquant

Au nom de son action contre l'antisémitisme, le MRAP a énoncé avec force et
vigueur l'exploitation à des fins de politique intérieure l'arrestation de treize juifs
iraniens accusés d'espionnage en faveur d'Israël. Cette manœuvre qui utilise et
renforce l'antisémitisme est inacceptable.
Aussi le MRAP réitère sa demande de libération de ces personnes emprisonnées
arbitrairement.
Il attend du Président de la République qu'il intervienne auprès des autorités
iraniennes à cette fin.
Au nom de l'amitié entre les peuples, le MRAP se désolidarise de la campagne
d'affichage, relayée par certains journaux, portée par le slogan "Nous sommes tous
des agents du Mossad". Cette propagande détourne scandaleusement une
revendication légitime en l'assimilant aux forfaits d'une organisation, le Mossad, dont
les exactions entachent et heurtent tous les défenseurs des droits de l'homme et de
l'amitié entre les peuples.
Enfin pour le MRAP, on ne peut en aucune manière rapprocher ce slogan de celui de
mai '68 "Nous sommes tous des juifs allemands" qui dénonçait le racisme ; car on ne
naît pas agent du Mossad, mais on naît juif ou allemand.
(Paris, le 13 juillet 1999)