La peine de mort imposée à Monsieur Abdullah Ocalan, est une décision à l'égard de
tout le peuple kurde.
La décision de peine de mort prise[par la Turquie, NDLR] à l'encontre du leader
kurde Abdullah Ocalan, est la poursuite de sa politique militariste et sanguinaire.
Depuis 1990, la partie kurde a fait des propositions à plusieurs reprises. […] M.
Abdullah Ocalan a toujours avancé de propositions de résolution du conflit notamment
par ses appels réguliers en faveur d'une solution politique et pacifique dans le cadre du
respect de l'intégrité territoriale de la Turquie.
L'Etat turc n'a pas voulu saisir sa chance de solutionner la question kurde, par contre,
par cette décision, l'Etat turc a décider d'anéantir quarante millions de kurdes en
prononçant son verdict de peine capitale. […] Ce jugement est la négation des droits
et revendications légitimes du peuple kurde […] il ne peut qu'amener la haine entre
les peuples kurde et turc. […] Si aucun effort n'est entrepris dans le but de trouver
une solution pacifique et politique, des dégâts importants auront lieu en Turquie et au
Kurdistan. Le peuple kurde ne restera pas sans réaction et il poursuivra sa lutte pour
ses revendications et ses droits démocratiques.
[…] En tant que Confédération des Associations Kurdes en Europe [qui regroupe plus
de 150 associations, NDLR], nous sommes conscient du danger […]. Nous sommes au
service du peuple kurde et nous faisons connaître ses douleurs et ses revendications à
l'opinion publique européenne. Notre appel est qu'il est encore temps pour que tout le
monde s'engage afin de trouver une solution. Nous refusons et condamnons la décision
de peine de mort prise par l'Etat turc.
Nous invitons notre peuple en Europe a exprimer son indignation dans le cadre du
respect des lois démocratiques.
Le Président de la Confédération,
Ceuep Yeter, Bruxelles.

Confédération des Associations Kurdes en Europe,
Union des Fédérations KON-KURD

Les antiracistes et partisans de l'amitié entre les peuples se sont exprimés en ce qui
concerne la situation dans les Balkans. Ils ne comprennent pas que le sort tragique des
Kurdes ne soit pas l'objet de l'attention de l'ONU. Le fait que la Turquie soit membre de
l'OTAN justifie-t-il une politique de "deux poids et deux mesures" et ce Etat bénéficie-t-
il d'une "compréhension" complice et coupable ? Les extraits du texte publié ci-après
témoignent de l'unanimité de l'opinion des populations du Kurdistan contre la sanglante
répression de l'Etat turc.
Le MRAP, en tout cas, est entièrement solidaire des patriotes kurdes et demande la
liberté de leur leader, Abdullah Ocalan.


La délégation de 15 avocats [de la région, NDLR] qui s'est rendue en Turquie pour
assister au procès d'Abdullah Ocalan, […] avait pour objectif de "vérifier les conditions
du procès et de manifester un soutien aux avocats turcs " […] S'ils ont dû se contenter
d'une retransmission du procès sur grand écran, l'accès à la salle d'audience ne leur
ayant pas été accordé, [ils] n'ont pu que constater " la violation des droits de la défense
". "L'acte d'accusation de 17 000 pages n'a été remis que 15 jours avant le procès aux
avocats. Ces derniers n'ont jamais pu rencontrer seuls leur client, rencontres durant
lesquelles tout stylo ou papier, bref leurs outils de travail, étaient interdit… […] d'où la
situation extrêmement délicate pour les avocats turcs qui découvraient dans le box
Abdullah Ocalan dont ils ne maîtrisaient pas le discours, se retrouvant cantonnés au rôle
de spectateur du procès " [Maître B. Rebstock, président de la section aixoise des
Avocats de France].
Comité de soutien. Tél. : 04 91 08 97 03
" La Marseillaise ", juin 1999


Extraits de l'interview réalisée par Angléique Schaller ("La
Marseillaise", 4 juin 1999), d'Alber Halim, économiste, un des
animateurs du comité de défense des droits du peuple Kurde.

-Que vous inspire le déroulement du procès d'Ocalan, leader du PKK ?
Trop rapidement organisé, aucun moyen donné aux avocats, des droits de la défense
complètement bafoués […] c'est une parodie de procès. Que l'on s'excuse auprès des
familles des victimes d'attentats du PKK est normal. Mais il ne faut pas oublier que le
Kurdistan recense aussi 5000 victimes. De celles-ci on ne parle pas et nul avocat ne
représente leur famille dans ce procès.
[…] Une chose est sûre : si la Turquie veut résoudre le problème kurde, il lui faut un
interlocuteur. La seule personne à pouvoir légitimement prétendre à ce statut est
Abdullah Ocalan.

-Mais si la DGM d'Ankara lui refuse ce statut et le condamne à mort [ces propos ont été
recueillis avant le verdict du procès, NDLR], que se passera-t-il ?
Nous irons droit à la guerre civile. Je voudrais ici rappeler que la coalition fasciste qui
est au pouvoir par le biais du MHP, qui a obtenu un vice premier ministre, les domaines
de la défense et de l'armée, n'a pu réaliser cette ascension politique spectaculaire qu'en
promettant la pendaison d'Ocalan. […] Et comme l'a exprimé le PKK, s'ils se disent
prêts à négocier la paix, ils n'auront pas peur de poursuivre le combat.


L'espoir de paix condamné

On s'y attendait mais quand même, ils l'ont fait, ils ont osé.
Le tribunal d'exception, aux ordres du gouvernement turc, a ignoré les appels à la raison
venus du monde entier et rejeté les offres répétées de solution pacifique du leader du
PKK.
Le gouvernement turc joue-t-il la carte du pire ? Va-t-il demander à l'Assemblée
Nationale de décider de l'exécution ? Par un tel geste, il se mettrait délibérément en
dehors de la communauté des nations européennes.
La région entière risque de s'embraser, et les troubles ne manqueront pas de s'étendre à
l'Europe.
Il faut que les autorités françaises et l'Union européenne interviennent avec énergie
auprès du gouvernement turc pour empêcher ce meurtre d'Etat, qui serait aussi un crime
contre l'Etat.
Le MRAP exprime sa solidarité entière au peuple kurde et aux travailleurs immigrés
d'origine kurde. Il souhaite que se renforcent les liens entre tous les originaires de
Turquie, quelles que soient leurs ethnies respectives.
(Communiqué du MRAP, Paris, le 29 Juin 1999)

Condamnation d'Abdullah Ocalan