Les dirigeants du G7, c'est-à-dire des sept grandes puissances industrielles de la
planète, viennent de décider d'alléger le fardeau de la dette des pays les plus pauvres.
Le MRAP, qui soutient toutes les mesures propres à aider le développement, estime
que le compte n'y est pas. La remise de 65 milliards de créances au regard des 214
milliards de dettes pour les quarante et un pays pauvres très endettés, ne met pas fin à
l'engrenage de la dette. L'énormité de celle-ci est due en effet au fait que ces pays ne
pouvant pas s'acquitter de l'intégralité des intérêts annuels, les montants non acquittés
sont intégrés au capital, et contribuent ainsi à enfler la dette chaque fois davantage. Les
projets envisagés ne mettent pas fin à cet engrenage.
Par ailleurs, les dirigeants du G7 ont demandé au FMI et à la Banque mondiale de ne
pas oublier les hommes dans leurs " plans d'ajustement structurel " ; ces " plans " sont
imposés, au prix d'un rééchelonnement des créances : ils exigent une réduction des
budgets de l'Etat, les privatisations des services publics, la diminution des subventions
aux produits agricoles, etc. Ces mesures appauvrissent en fait encore davantage les
pays pauvres. Le rapport mondial sur le développement humain de 1988, rédigé par le
P.N.U.D. (Nations-Unies) indique que " pour 27 pays lourdement endettés, la dette est
supérieure au PIB (= richesse produite). Les pays d'Afrique subsaharienne ont consacré
en moyenne 12 milliards de dollars au remboursement de la dette entre 1990 et 1995,
alors que l'encours de leur dette augmentait de 30 milliards. Pour certains, les sommes
consacrées au remboursement de la dette sont pratiquement équivalentes à la totalité
de l'aide publique au développement reçue ".
Par ailleurs, le montant de l'aide publique versée par tous pays industrialisés et fixée à
0,7 % du PNB, est en baisse constante ; le montant de la France est passé de 47
milliards de francs en 1994 à 42,1 milliards en 1995, soit une baisse de 12 %. La
contribution des Etats-Unis est l'une des plus faibles, alors qu'il s'agit d'une disposition
internationale. Si bien que le niveau de vie des pays pauvres régresse.
Le MRAP considère que la stagnation ou la régression du développement des pays
pauvres résulte des politiques du passé; toute la période coloniale a eu pour objet de
piller un Tiers-Monde devenu réservoir de richesses minières et agricoles pour les pays
industrialisés, et débouché pour les excédents du Nord. Cette domination se poursuit et
les allégements de dette surviennent à un moment où des peuples sont épuisés.
Aussi le MRAP appelle-t-il l'opinion publique à se mobiliser pour obtenir l'annulation
pure et simple de la dette, qui ressort d'une grave injustice. Ce sont les pays
industrialisés qui ont contracté une énorme dette en bâtissant leur développement sur
l'exploitation des dominés. Aussi l'aide au développement est-elle à considérer comme
une restitution. Le développement de la planète, sans discrimination pour aucun peuple,
relève d'une authentique volonté politique qui ne verra le jour que par un combat des
pauvres et de ceux qui les soutiennent.
[MRAP, Paris, le 22 juin 1999]
Pour l'annulation de la dette des pays pauvres